#coupdecœur
Julien
Dufresne-Lamy
Thierry
Magnier
16€
Dès
14/15 ans
Les
15 ans de Sacha se passeront dans le noir. Enfin presque. À grand renfort de
bougies, sa mère, Nelly, tente de faire oublier la facture d’électricité non
payée. Depuis son licenciement, la mère du jeune garçon ne s’en sort plus. Si
au départ leur quotidien n’a pas beaucoup évolué, de légers changements à peine
perceptibles pour le reste du monde. Sacha jouait le garçon mystérieux, secret,
celui qui n’aime pas tellement s’étaler sur sa vie privée avec ses copains du
collège. Et puis ça passait. Tout le monde semblait y croire à ce personnage.
Mais progressivement les problèmes s’accumulent et arrivent alors les
mensonges. Mentir pour cacher la galère, les dettes, les lettres que l’on ose
même plus ouvrir, la difficulté de sa mère à retrouver du travail. Pour
échapper à ce quotidien lourd, Sacha dessine. C’est son exutoire, ce qui lui
permet de tenir, de s’évader le temps de quelques coups de crayons. Il se lance
alors dans un projet ambitieux : livrer son quotidien dans une bande
dessinée. Une façon bien à lui de dire sa colère face à la situation, mais
aussi son envie de s’en sortir, de rêver à un meilleur avenir, plus grand, plus
beau.
Dans
une écriture brute, qui ne manque pas de poésie et de rythme, l’auteur
parvient à nous embarquer dans la réalité de Sasha, et le flot d’émotions qu’il
traverse. Il traduit avec justesse la colère du jeune garçon, mais aussi la
honte, et la culpabilité qui vient avec. Pourtant, même si son quotidien n’a
rien de léger, les moments lumineux ne sont pourtant pas absents du récit. Et
puis malgré la situation compliquée, Sasha reste un adolescent et ses journées
sont aussi traversées par des questionnements propres à son âge. Avec Trois
fois rien (ça fait toujours rien), Julien Dufresne-Lamy nous raconte sans
détour la vraie vie, avec ses hauts et ses bas. Il met la lumière sur le
quotidien de beaucoup (trop) de personnes en France. Et c’est là la grande
force de ce roman, traiter de problématiques réelles sans apitoiement et sans
jugement. C’est un texte fort, sensible, important, à mettre dans les mains des
adolescents, dès 14 ans.
Amandine