Julia Thévenot
Gallimard jeunesse
19,90€
Dès 13/14 ans
Lorsque le roman débute, Ortie a 15 ans et plonge dans ses souvenirs d’enfance pour comprendre à quel moment sa vie est devenue une succession d’ennuis. Mais précisons tout d’abord qu’Ortie est une sorcière. Tout comme ses sœurs, sa mère, sa grand-mère, ses tantes. Bref, dans cet univers, on est sorcière de mère en fille, la magie est donc une véritable histoire de famille. C’est aussi un secret à préserver, pas question que les humains apprennent son existence. Mais la petite Ortie de 5 ans n’a pas bien en tête cette règle fondamentale, et il se pourrait qu’un camarade de classe ait eu droit à une rapide démonstration de son don. Ce qui, vous l’aurez deviné, est un problème, un gigantesque problème même, et qui va engendrer encore plus de problèmes. L’on suit alors Orty, au fil des années, passant de l’enfance à l’adolescence, essayant tant bien que mal de rattraper son erreur de petite fille tout en poursuivant son apprentissage de la magie. Un projet plutôt ambitieux, et bien évidemment, qui ne se passera absolument pas comme prévu…
L’univers que nous propose Julia Thévenot ne ressemble en rien aux univers de fantasy auxquels nous sommes habitués. Il est, certes, question de magie et de sorcières, mais la magie dans Mille Pertuis est faite de sang et de salive, elle n’a rien d’enchanteur, ni de beau et peut être cruelle. L’immersion dans ce monde peut paraître légèrement déroutante au début. L’on ne s’y glisse pas avec douceur et simplicité, il faut avoir envie d’y entrer, de l’explorer, d’en comprendre les moindres recoins, de se laisser surprendre aussi. Mais les mésaventures de notre héroïne ont de quoi captiver le lecteur, et l’on s’adapte finalement assez rapidement aux bizarreries de l’univers. Et puis l’autrice nous offre une palette de personnages particulièrement intéressante. L’on adore découvrir ces sorcières (puisque oui, ici les hommes n’ont pas voix au chapitre de la magie, enfin en théorie mais n’en disons pas plus) qui, toutes ensemble, forment une véritable tribu. Notamment les femmes de la famille d’Ortie, chacune si différente. Il y a Épine, la grande sœur en avance sur tout et tout le monde. Ronce, la plus jeune du trio, qui adore faire des tours de machine à laver et qui gobe absolument tout (et surtout ce qui ne se mange pas). La mère, Omphale d’Alambrin, imposante, au charme redoutable. Et puis Tante Viv, figure rassurante, chaleureuse, que l’on aimerait découvrir encore davantage. Bref, avec Mille Pertuis, Julia Thévenot a de quoi séduire les lecteurs. L’autrice a su apporter du renouveau au genre en proposant une histoire de sorcières véritablement originale, pour notre plus grand plaisir.
Amandine